SAINT SILOUAN
AND FATHER SOPHRONY:
News in the Internet (Issue 23)
Electronic periodical bulletin
Bйnie soit cette heure que notre bon Seigneur nous accorde ! En paix et dans le calme, nous allons parler de divers aspects de notre longue voie. Quelle est merveilleuse, cette voie ! Elle surpasse notre intelligence. Notre esprit s'йpuise а suivre l'exemple du Christ, notre Dieu, venu apporter sur terre le feu de l'amour du Pиre.
Sur quel point vais-je m'arrкter aujourd'hui ? Il me semble devoir aborder la question posйe par l'une des personnes prйsentes. Je vais donc parler du repentir, de l'adoption filiale. Mкme si, dans leurs formes ultimes, certaines choses йchappent а toute formulation humaine, nous allons faire preuve de folie et parler, dans la mesure de nos forces, de ces rйalitйs qui sont infiniment, inexplicablement grandes et sublimes.
Que de fois ai-je rйpйtй - et je le fais encore aujourd'hui pour йviter toute йquivoque - que nous commenзons notre " voyage " par un petit pas, celui du repentir ; mais la fin de la voie chrйtienne est, selon notre maniиre de comprendre les choses, la dйification de l'homme. Nombre de personnes, pusillanimes, sont gкnйes, mal а l'aise, lorsque nous osons parler de ces rйalitйs. Si seulement elles savaient de quelle crainte notre вme est remplie, combien nous redoutons de nous tromper - ne serait-ce que par un seul mot - sur l'amour trиs saint du Pиre, le plus Saint de tous !
Mais comment aborder ce thиme ? Laissons de cфtй certains dйtails et parlons de ce qui est le plus essentiel. La prйdication du Christ commence par le mot metanoeite, " repentez-vous " (Mt 4,17). L'analyse de cette expression nous rйvиle, comme dans bien d'autres paroles du Christ, plusieurs niveaux de signification. Il convient ici de distinguer entre deux modes du repentir : un premier, qui se trouve dans les limites de l'йthique ; un second, qui dйpasse la morale et se situe dans l'йternitй, c'est-а-dire en Dieu. Nous appellerons le premier mode acte йthique et le second, qui signale le passage d'une " orbite " temporelle а une " orbite " йternelle, acte ontologique. Nous n'essaierons pas ici de rйsoudre le problиme de savoir s'il est possible de passer du temporel а l'йternel, de l'йthique а l'ontologique.
Comme exemple d'un beau et profond acte de repentir, nous avons d'abord celui du jeune homme riche de l’Йvangile, qui avait soif d'йternitй divine et qui demanda au Christ ce qu'il devait faire pour passer du temps а l'йternitй. Le Seigneur regarda ce jeune homme avec amour et lui dit : " Observe les commandements ". "Lesquels ? ". " Eh bien, ceux-ci et ceux-lа..." " J'ai observй tout cela depuis ma jeunesse. Que me manque-t-il encore ? " Le Seigneur alors lui dit : " Si tu veux кtre parfait, laisse tous tes biens, toutes tes connaissances et, devenu pauvre, suis-moi. " Le jeune homme ne supporta pas cette parole (cf. Mt 19, 16-22).
Nous pouvons aborder le problиme de la maniиre suivante : d'un point de vue moral, йthique, ce jeune homme se trouvait а un niveau йlevй. Mais il existe un autre niveau, supйrieur, qui concerne la "sphиre " divine, incrййe, de l’Кtre йternel et sans commencement. Ainsi, un premier essai d'explication permet de montrer qu'il existe, parmi les hommes, divers niveaux d’йtat spirituel.
Pour la raison humaine, la possibilitй d'un " passage " de la suite des nombres а l'infini mathйmatique ou, par analogie, d'un saut qualitatif du temporel а l’йternel, semble exclue, car nous sommes lа en prйsence de deux ordres qui ne peuvent кtre comparйs, qui sont radicalement incommensurables.
Prenons un autre exemple. Il y avait prйs de Jйrusalem deux soeurs, Marthe et Marie. Le Christ les aimait toutes les deux, et toutes deux aimaient le Christ et croyaient qu’il йtait le Messie. Et voici que lorsqu'il vint chez elles, Marthe fut trиs occupйe par l'accueil et les soins du mйnage. Marie, en revanche, touchйe par l’Esprit dont il йtait porter, s'assit aux pieds du Christ, assoiffйe de ses paroles.
Qu'arriva-t-il ? Quand Marthe, encombrйe par les travaux, les soucis quotidiens et toutes les pйnibles tвches mйnagиres, demanda au Christ : " Dis а Marie de m'aider ", il rйpondit avec douceur : " Marthe, Marthe, tu te prйoccupes maintenant avec beaucoup d'amour des soins du service, mais Marie a choisi la meilleure part, et cette part ne lui sera plus фtйe " (cf. Lc 10, 38-42).
Vous voyez la diffйrence : d'un cфtй, il y a le plan de l’amour йthique ou visible, c'est-а-dire des relations humaines normales, qui sont bien sыr trиs louables. De l'autre, il y a le plan de l'amour spirituel, qui nous donne accиs а l'йternitй divine. Le Seigneur dit ailleurs : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point (Mt 24, 35). Lorsque nous rйpйtons ces paroles du Christ, le passage suivant nous vient immйdiatement а l'esprit : En archй йn o Logos... " Au commencement йtait le Verbe, et le Verbe йtait avec Dieu, et le Verbe йtait Dieu " (Jn 1,1).
Voyez comme ces deux soeurs vivaient proches l'une de l'autre et, en mкme temps, quelle immense distance les sйparait dans leur soif respective : l'une, Marie, йtait prкte а accueillir le Christ dans une certaine nйgligence ou - comment dire ? - dans les conditions ordinaires - de la vie quotidienne, sans prйparatifs particuliers ; l'autre, Marthe, йtait encline а manifester son amour par toutes sortes de signes extйrieurs. Notez bien la diffйrence de niveaux : d'un cфtй, un йtat qui ne dйpasse pas les limites de I' " вge " que nous avons appelй " йthique "- par " вge ", j'entends le degrй de notre croissance spirituelle. De l'autre, " Au commencement йtait le Verbe "... Ou, pour passer а une terminologie quelque peu diffйrente : le second plan n'est dйjа plus йthique, psychique, mais proprement ontologique, spirituel. Nous trouvons encore dans l’Йvangile un certain nombre de pensйes et d'idйes trиs profondes conduisant а la rйsolution de suivre le Christ.
Ces derniers temps, nous avons observй sur terre un phйnomиne paradoxal : d'une part, l'йcrasement, avec une invraisemblable cruautй, de toute l'humanitй ; d'autre part, l'exploration, l'йlucidation du principe de la personne humaine. Qu'est-ce que l'homme comme personne ? Oщ se tourne l'intellect de la personne ? Lorsque le principe de la personne commence а se dйvelopper en nous, quand bien mкme nous serions en prison, nous sommes dйjа libres en esprit dans les espaces illimitйs du cosmos. L'homme ne voit plus ce qui est extйrieur ; il vit par ce qui est intйrieur. Mais le langage humain ne peut exprimer la nature de cette contemplation des gouffres infinis.
Que dire de ces abоmes qui s'ouvrent devant l'homme quand il se plonge dans l'amour du Christ ? Quel en est le caractиre ? Quelle en est l'origine ? Cet infini qui s'ouvre devant lui, lui est-il extйrieur ou est-il l'йtat de son propre intellect crйй а l'image de l'intellect du Crйateur, de Dieu lui-mкme ? Autrement dit, ces abоmes proviennent-ils de l'йnergie qui procиde de Dieu ou manifestent-ils une possibilitй de la nature humaine en soi ? Nous ne pouvons ni le comprendre ni le prйciser. C'est uniquement par un repentir de nature ontologique que nous pourrons entrer dans cet univers. Et mкme alors, cela reste pour l'homme un mystиre.
Au dйbut de ma vie monastique au Mont Athos, mon pиre spirituel m'avait donnй ce conseil : " Veille а ne pas adresser а Dieu, qui est grand, de petites requкtes, mais demande-lui seulement de grandes choses ". En agissant ainsi, il se produit ce paradoxe : l'homme le plus pauvre, qui ne possиde rien, se voit soudain investi des richesses infinies de Dieu dans toute sa crйation. Le Seigneur nomma le Pиre " Intellect ", " Esprit " : Dieu est Esprit (Jn 4, 24). Et nous, nous demandons : comment cet Esprit peut-il nous toucher sans nous consumer ? L'entrйe dans cet йtat se fait tout doucement, dans les conditions de la vie courante ; mais, s'il en a la possibilitй, l'homme se libиre physiquement de tout et ne vit que par Dieu. Nous pouvons percevoir que ce monde est crйй par l'intellect et par la volontй de cet Esprit que nous appelons " Dieu ", " Dieu le Pиre ", et qui a dit : Crйons l'homme а notre image et а notre ressemblance (cf. Gn 1, 26).
Il nous est difficile de choisir un point de dйpart pour parler de cette immense tragйdie qui nous йcrase tous et qui m'a йcrasй, moi-mкme, des milliers de fois : les souffrances du monde entier depuis des millйnaires, depuis l'instant oщ retentit la parole : Que la lumiиre soit (Gn 1, 3). On ne peut pas comprendre comment Dieu a pu crйer cet univers oщ les souffrances atteignent un tel paroxysme. De quoi s'agit-il ? Qu'a fait Adam ? Pardonnez-moi, mon esprit saute d'un sujet а un autre, c'est pourquoi je m'exprime lentement...
Dans l'йthique chrйtienne, nous sommes frappйs par l'image d'un Homme seul, d'un Homme abandonnй de tous, montant au Golgotha pour prendre sur ses йpaules le poids de toutes les passions du monde. Moi, comme homme, je ne sais que dire de cet Homme qui monte seul pour prendre sur lui tout le poids de la malйdiction de la Terre depuis le commencement des вges.
Ainsi donc, d'un point de vue йthique, nous ne voyons pas de manifestation plus grande, rien de plus sublime et de plus saint que le Christ. C'est de cela que je voudrais vous parler, parce que si notre intellect peut bien saisir la rйalitй de l’Кtre de Dieu, il ne peut pas encore connaоtre le caractиre de ce grand Esprit.
Dans mes annйes de jeunesse, il m'est arrivй de lire les vers d'un grand poиte :
Qui de son pouvoir et de son ire
Du nйant m'a fait sortir ? (Pouchkine, N.d.R.)
En constatant que nous souffrons, que le monde entier souffre, le poиte se demande quelle sorte d'esprit peut bien кtre le Crйateur de ce monde. Et voici que son Fils vient pour parler avec l'homme crйй а l'image et а la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). En lui, nous contemplons la pensйe йternelle de Dieu le Crйateur sur l'homme. Dans la mesure oщ le Dieu-Homme apparu sur terre est bon comme Dieu Lui-mкme, nous ne pouvons plus, pour autant bien sыr que cela nous soit montrй par le Saint-Esprit, nous dйtacher de ce grand acte de l’Кtre divin. Cela signifie que ce n'est pas notre Crйateur qui est responsable de ces souffrances, mais la crйature, potentiellement semblable а Dieu.
Et voici que nous invoquons son Nom : " Seigneur Jйsus-Christ, Fils du Pиre, toi qui фtes le pйchй du monde, aie pitiй de nous. Toi qui enlиves le pйchй du monde, reзois notre priиre. Toi qui siиges а la droite du Pиre, seul tu es vйritablement saint " (cf. Doxologie des Matines). Notre admiration devant ce Modиle а l'image duquel l'homme a йtй crйй ne connaоt pas de fin.
Ainsi donc, а partir du moment oщ l'homme est entrй par son esprit et son coeur dans cette " sphиre " divine son intellect s'y trouvera immergй en permanence. Comment, dиs lors, pourrait-il s'en йloigner ? Mais tout cela dйpasse notre intelligence, nos possibilitйs ; aucune tentative de notre intellect ne doit кtre prise pour une rйvйlation des profondeurs de la Divinitй elle-mкme.
Voilа mes chers frиres... Pardonnez-moi ! C'est parce qu'il ne me reste plus beaucoup de temps pour parler avec vous que je me hвte. Je ne prйtends pas du tout vous dire autre chose que ce " battement de coeur " par lequel le monde vit. Il est redoutable pour nous de continuer de parler, parce que le Seigneur nous appelle а le suivre. Oщ va-t-il ? Au jardin de Gethsйmanl, de nuit. Et, aprиs cela, il monte au Golgotha.
Ainsi donc, en devenant chrйtiens, en voyant les souffrances du monde entier, nous commenзons а comprendre dans une certaine mesure le " langage " du Christ. Jean et Jacques lui demandиrent de s’asseoir а sa droite et а sa gauche. Le Christ leur rйpondit : " Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et recevoir le baptкme dont je vais кtre baptisй ? " Ils lui dirent : " Nous le pouvons. " Notre Pиre а tous, le Christ leur rйpondit avec amour : " Oui. Vous boirez ma coupe et vous recevrez mon baptкme " - ce baptкme qu'il allait lui-mкme recevoir (cf. Mc 10, 37-40).
Comme les Pиres de l’Йglise l'ont dit avec sagesse, nous avanзons peu а peu а partir de petites choses ; nous sommes ainsi amenйs а dйcouvrir la grandeur des dйtails. Et c'est cela, l'homme vйritable, image de Dieu. Notre combat - le combat ascйtique des moines - a pour but de restaurer en nous cette image, assombrie par le pйchй et les viles passions. Ainsi notre intellect rйgйnиre et commence а voir les choses sous un autre angle, dans une nouvelle lumiиre ; mais cela ne signifie pas qu'il soit dйjа libйrй des passions. Alors nous aussi, comme esprits, nous buvons la " coupe " du Seigneur et sommes baptisйs de son " baptкme ".
Aujourd'hui, le monde se dйtourne du Christ. C'est l’aspect le plus affligeant, Ie plus tragique, le plus terrible des йvйnements de notre temps. Perdre le Christ une seconde fois, comme Adam l'a perdu au Paradis, comment est-ce possible ?
Il nous faut supporter les petites afflictions de notre vie quotidienne et ne pas tomber dans la colиre, la haine ou quoi que ce soit de ce genre ; ainsi, nous verrons la souffrance de l'homme et non pas ses mauvais cфtйs. Mкme dans les plus petits dйtails de la vie, demeurez en esprit lа oщ est le Seigneur, au-delа du " voile " du Huitiиme Jour. Demeurez lа en esprit, mais, par le corps, accoutumez-vous а vivre dans les conditions concrиtes de votre vie. L'esprit de l'homme est placй dans ces conditions pour commencer а percevoir l’Кtre. Le Seigneur se comporte souvent avec nous comme s'il ne comprenait pas notre faiblesse. On ne pourrait pas supporter ce monde si le Christ n'йtait pas Dieu. Mais s'il est Dieu, tout est possible. Et nous disons а ce Pиre - car il est notre Pиre ! - dans toutes nos souffrances : " Gloire а toi, Dieu Trиs-Haut, gloire а toi dans les siиcles des siиcles. "
Je ne me souviens pas si j'ai dйjа rйpondu а la question que l'un d'entre vous m'avait posйe par йcrit : " Quand Israлl a-t-il reзu l'adoption filiale ? " Il me faut peut-кtre dire deux mots а ce sujet.
Lorsque dans la priиre nous nous tournons vers Dieu, nous n'allons pas, selon le conseil du pиre spirituel Athonite dont je vous ai parlй plus haut, lui demander de petites choses ; on s'adresse а Dieu, qui est grand, pour de grandes choses. Cependant, ici aussi, distinguez le " moment " oщ se termine le monde йthique et celui oщ commence l'ontologie divine... On trouve dans les Psaumes l'expression suivante : Je suis а toi, sauve-moi (Ps 118, 94). Lorsque nous les prononзons, ces paroles peuvent nous paraоtre excessives. Comment moi, homme, puis-je dire а Dieu : " Je suis а toi, sauve-moi " ? Dieu aurait-il donc besoin de moi ? Ce que je fais est-il si grand que Dieu doive venir а ma rencontre ? Il est pourtant un moment oщ Dieu dit soudain а l'homme : Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendrй (Ps 2, 7). Lorsque nous prions : " Je suis а toi, sauve-moi", nous ne devons pas dйpasser le plan йthique. Nous pouvons rйellement demander l'adoption filiale, mais sans pouvoir l'affirmer а notre propre sujet comme un fait accompli. Cela n'est possible qu'а Dieu seul. C'est une dйmarche vraiment absurde que de rechercher, comme Adam au Paradis, la dйification en se passant de Dieu. C'est seulement lorsque Dieu lui-mкme apporte ce correctif en disant : " Oui, tu es mon fils ", que l'adoption prend un caractиre dйfinitif, йternel.
Dire " Je suis а toi, sauve-moi ", sous-entend que, dans les limites de ma nature йthique, " je ne vois personne de meilleur que toi. Mais cela ne signifie pas que je sois ton fils, du moins tant que tu ne tйmoignes pas toi-mкme que je le suis rйellement ". Dans les trois йvangiles synoptiques, il est йcrit que l'on entendit la voix du Pиre proclamant а propos de Jйsus : Celui-ci est mon Fils, йcoutez-le (cf. Mt 17,5 ; Mc 9,7 ; Lc 9,3). Le tйmoignage du Pиre lui-mкme fut ainsi nйcessaire pour confirmer avec force la rйalitй de l'affirmation que Jйsus Christ est bien le Fils du Pиre.
Je crains de dйpasser la mesure et de vous fatiguer au-deIа des capacitйs humaines. Pardonnez-moi et terminons. Remercions la Mиre de Dieu, qui a mis au monde le Verbe du Pиre, Verbe plus saint que tous les saints...
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The Christian life does not depend only on human effort but primarily on God's grace. Ascetic exercises in all their forms and degrees aim at nothing more than preparing man to harmonize his will with that of God and receive the grace of the Holy Spirit. This harmonization attains its highest expression and perfection in prayer. "In true prayer we enter into and dwell in the Divine Being by the power of the Holy Spirit" 22. This leads man to his archetype and makes him a true person in the likeness of his Creator.
The grace of the Christian life is not to be found in its outward forms. It is not found in ascetic exercises, fasts, vigils and mortification of the flesh. Indeed, when these exercises are practiced without discernment they become abhorrent. This repulsiveness is no longer confined to their external form but comes to characterize their inner content. They become abhorrent not only because outwardly they appear as a denial of life, contempt for material things or self-abandonment, but also because they mortify the spirit, encourage pride and cultivate self justification.
The Christian life is not a denial but an affirmation. It is not death, but life. And it is not only affirmation and life, but the only true affirmation and the only true life. It is the true affirmation because it goes beyond all possibility of denial and the only true life because it conquers death. The negative appearance of the Christian life in its outward forms is due precisely to its attempt to stand beyond all human denial. Since there is no human affirmation that does not end in denial, and no worldly life that does not end in death, the Church takes its stand and reveals its life after accepting every human denial and affirming every form of earthly death.
The power of the Christian life lies in the hope of resurrection, and the goal of ascetic striving is to partake in the resurrection. The monastic life, as the angelic and heavenly life lived in time, is the foreknowledge and foretaste of eternal life. It aim is not to cast off the human element, but clothe oneself with incorruptibility and immortality: "For while we are still in this tent, we sigh with anxiety; not that we would be unclothed, but that we would be further clothed, so that what is mortal may be swallowed up by life" 23. There are sighing and tears produced by the presence of sin, as well as the suffering to be free of the passions and regain a pure heart. These things demand ascetic struggles, and undoubtedly have a negative form, since they aim at humility. They are exhausting and painful, because they are concerned with states and habits that have become second nature. It is however precisely through this abasement, self purification, that man clears the way for God's grace to appear and to act within his heart. God does not manifest Himself to an impure heart.
Monks are the "guardians". They choose to constrain their bodily needs in order to attain the spiritual freedom offered by Christ. They tie themselves down in death's realm in order to experience more intensely the hope of the life to come. They reconcile themselves with space, where man is worn down and annihilated, feel it as their body, transform it into the Church and orient it towards the kingdom of God.
The monk's journey to perfection is gradual and is connected with successive renunciations, which can be summarized in three. The first renunciation involves completely abandoning the world. This is not limited to things, but includes people and parents. The second is renunciation of the individual will, and the third is freedom from pride, which is identified with liberation from the sway of the world 24.
These successive renunciations have a positive, not a negative meaning. They permit a man to fully open up and be perfected "in the image and likeness" of God. When man is freed from the world and from himself, he expands without limits. He becomes a true person, which "encloses" within himself the whole of humanity as Christ himself does. That is why, on the moral plane, the Christian is called upon to love all human beings, even his enemies. Then God Himself comes and dwells within him, and the man arrives to the fullness of his theanthropic being 25. Here we can see the greatness of the human person, and can understand the superhuman struggles needed for his perfection.
The life of monasticism is life of perpetual spiritual ascent. While the world goes on its earthbound way, and the faithful with their obligations and distractions of the world try to stay within the institutional limits of the church tradition, monasticism goes to other direction and soars. It rejects any kind of compromise and seeks the absolute. It launches itself from this world and heads for the kingdom of God. This is in essence the goal of the Church itself.
In Church tradition this path is pictured as a ladder leading to heaven. Not everyone manages to reach the top of this spiritual ladder. Many are to be found on the first rungs. Others rise higher. There are also those who fall from a higher or a lower rung. The important thing is not the height reached, but the unceasing struggle to rise ever higher. Most important of all, this ascent is achieved through ever increasing humility, that is through ever increasing descent. "Keep thy mind in hell, and despair not", was the word of God to Saint Silouan of Mount Athos. When man descends into the hell of his inner struggle having God within him, then he is lifted up and finds the fullness of being 26.
At the top of this spiritual ladder are the "fools for Christ's sake", as the Apostle Paul calls himself and the other apostles 27, or "the fools for Christ's sake", who "play the madman for the love of Christ and mock the vanity of the world" 28, Seeking after glory among men, says Christ, obstructs belief in God. Only when man rejects pride can he defeat the world and devote himself to God.
In the lives of monks the Christian sees examples of men who took their Christian faith seriously and committed themselves to the path which everyone is called by Christ to follow. Not all of them attained perfection, but they all tried, and all rose to a certain height. Not all possessed the same talent, but all strove as good and faithful servants. They are not held up as examples to be imitated, especially by laymen. They are however valuable signposts on the road to perfection, which is common for all and has its climax in the perfection of God.
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22 Archimandrite Sophrony, Ascetic practice and theory, Essex, Eng/and 1996, p.26. 23 2 Cor. 5,4. 24 See Stage 2, PG88, 657A. For a comparison of the patristic tradition on the three stages of renunciation see the book by Archimandrite Sophrony, Asceticism and Contemptation, p.26f.
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25 See Archimandrite Sophrony, We Shall See Him as He is, Essex, England 31996, p.389.
26 See Archimandrite Sophrony, Saint Silouan of MountAthos, Essex, England 7/995, p.572 Also Asceticism and Contemptation, p.42.
27 1 Cor. 4, l0
28 The Elder Paisios, Letters, Souroti, Thessaloni 1994, p.235. 29 Jn. 5, 44. 30 See Archimandrite Sophrony, Asceticism and Contemplation, pp.33-4.
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Христианин, избрав неверный путь внутренней жизни, основанный не на истинном покаянии, а на некоторой тайной гордыне и с ней на других страстях, - далеко не всегда может заметить это сам; даже все признаки этой болезни могут быть так глубоко сокрыты, что только опытный духовник сумеет обнаружить ее. В таком случае, надо заметить, - окружающие всегда скорее примечают в действиях обольщенного человека что-то больное, чем он сам; так что, когда нас обличают, надо всегда призадуматься и много раз приложить, примерить это обличение к себе, - вполне возможно, что оно не случайно.
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Много лет старец Силуан нес высокие подвижнические труды, много претерпел мучительных борений с бесами. Так, однажды ночью, во время молитвы старца, злые духи усиленно стужали ему и не давали чисто молиться. Он в скорби, с болезнью сердца, возопил ко Господу, прося научить его, как ему молиться и что делать, чтоб бесы не мешали ему. И услышал ответ в душе: "Гордые всегда так страдают от бесов". "Господи, - говорил старец, - научи меня, что должен делать я, чтоб смирилась моя душа." И снова в сердце ответ от Бога: "Держи ум твой во аде и не отчаивайся". После этого старец Силуан познал, что весь подвиг должен быть направлен на стяжание смирения. С того дня его "любимою песнью", как он сам выражался, стало: "Скоро я умру, и окаянная душа моя снидет в тесный черный ад, и там один я буду томиться в мрачном пламени и плакать по Господе: "Где Ты, Свет души моей? Зачем Ты оставил меня? Я не могу жить без Тебя" [ 4 ].
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